[Général] TENEBROUS Tome 1 : Lunastie

Chapitre I
La Nuit de Pêche

C'était le soir , la lune brillait d'une pâle clarté , éclairant faiblement dans cette nuit sans nuages une petite ville plongée dans l'ombre tombée tôt en soirée ...
Tout était calme ... aucun chat ne miaulait , nul chien n'aboyait à tout va ,une absence de bruit bien inhabituelle pour un Samedi soir ...
Toutefois , une maison projetait une faible lueur dans la résidence alentour... Une maison banale , comme on pourrait en trouver dans chaque petite ville de région parisienne ; mais ce soir , l'atmosphère était étrange ...



« - Quand est-ce qu'on ouvre les cadeaux ? clama une voix .
- Sois patient , tout le monde n'est pas encore arrivé ! »
Celui qui venait de parler , c'était Matthieu , qui avait organisé la fête , et à qui la maison appartenait . L'autre , il s'appelait Brice , c'était «Le Bouffeur » , comme tout le monde le surnommait . En effet , dès qu'il apercevait la moindre chose à manger , c'était plus fort que lui , elle finissait inéluctablement dans son estomac !
Tous étaient présents pour la boum de Matthieu , tous ceux de l'ancienne classe de 3e1 , réunis pour la dernière fois dans une fête avant la dernière semaine de cours et l'éclatement du passage en lycée.
On discutait , on mangeait , on dansait ....
« - Hé mais changez de 'zik ! C'est trop de la merde les musiques de Disney !!!
- Ouais , mettez aut'chose ! renchérit un autre .
- Ok , ok .... qu'est-ce que vous dites d'un slow ?
- OUI !!! »
Et tout le monde se remit à danser .

Seul un garçon ne s'amusait pas . A vrai dire , il ne savait pas pourquoi il était là ; sans doute Matthieu l'avait-il invité dans le souci que toute la classe soit réunie , une dernière fois . Son nom , il ne l'avait jamais su , voilà pourquoi on le surnommait John Doe , comme en Amérique lorsque que l'on trouvait un orphelin . Il était de petite taille , maigre , les cheveux chatains clairs où pointaient ça et là quelques mèches mordorées . Ses yeux , d'un bleu glacier , ressortaient sur son teint pâle et livide . Une oreille plus décollée que l'autre ( dont il aimait à raconter à qui voulait bien l'écouter qu'un chirurgien à la clinique où il était né l'aurait pris par l'oreille pour le mettre sur son lit . Le pseudo-chirurgien aurait écoppé d'une lourde amende .... ) , mais cela ne le génait pas trop en fin de compte . A l'âge de 14 ans , on a bien d'autres soucis que de voir si ses oreilles sont plus ou moins décollées ! Au collège , John était absent , le regard dans le vide , comme si tout ce qu'il voyait l'indifférait complètement . De ce fait , il n'avait pas beaucoup d'amis et sa vie n'avait été jusque là qu'un tissu d'ennui qui se filait maille par maille chaque jour .

Une autre de ses caractéristiques , et non des moindres cette fois ci , était qu'il portait au bras un étrange symbole : il était là depuis sa naissance semblait-il , mais cela n'incommodait pas John , bien au contraire ; il trouvait , et ne se doutait pas que cette opinion fût partagée par le reste des rares personnes qu'il connaisse , que c'était la seule chose en lui qui méritait un temps soit peu d'attention . Le signe était composé de 2 lunes entrecroisées entourées de graphèmes incompréhensibles . Le signe avait toujours fait sa fierté . Avec ses parents , John était allé voir un médecin , qui était resté pantois devant le symbole , ne sachant d'où il provenait , et il avait finalement diagnostiqué une banale tache de naissance . John ne croyait pas un mot de ce que ce docteur avançait . A vrai dire , lui non plus ne savait rien de l'origine de ce signe , mais il ne cherchait pas à la découvrir .

A propos des parents de John , ces mêmes qui l'avaient emmené chez le médecin , personne ne sait ce dont il est advenu d'eux . Disparus . On n'en sait pas plus . simplement que la lune était rousse ce soir là .... ce soir où ils sont disparus . La garde de l'enfant nouveau né ( John n'avait que quelques mois ) fut confiée à ses grands parents , seule famille qui lui restât à ce jour . Un couple qui se désinterressait de lui .

La vie de John était un calvaire .



L'adolescent ne voulait pas aller danser avec toute sa classe . Il restait seul , dans son coin , à ruminer ses tristes pensées . Il broyait du noir . Pas une personne ne vint lui demander ce qui n'allait pas . Pas un ne vint à sa rencontre en lui demandant d'aller danser avec eux . C'est comme s'il était transparent à leurs yeux , une espèce de fantôme ...

Alors que la soirée battait son plein , John se leva de sa chaise , et commença à marcher vers l'extérieur « Il fait bien trop chaud ici » se dit-il . Mais à peine eut-il mis le pied dehors qu'il remarqua quelque chose de flagrant , mais qui n'avait sauté aux yeux de personne à l'intérieur , absorbés qu'ils étaient par la fête : La Lune , d'une clarté si faible , prenait une teinte écarlate au fur et à mesure que les secondes s'égrenaient . Le changement chromatique étéit vraiment visible : en quelques instants à peine , l'astre était passé du rose pâle à un rose plus soutenu , tendant peu à peu vers le rouge . John avait déjà lu quelque part que de semblables évènements arrivaient , une fois par décade environ : il ne se souvenait plus du nom exact du phénomène , surement la lune rousse , mais lui l'avait appelé poétiquement « La nuit de Pêche » , en référence à l'astre de la nuit qui semblait devenir une pêche énorme dans le ciel . C'était la première fois qu'il en voyait une .

Du plus loin qu'il s'en souvenait , John avait toujours été fasciné par la Lune : peut-être était-ce dû à son « tatouage » sur le bras , il n'en savait rien . Toujours est-il qu'il avait lu bon nombre de livres très poussés sur l'astre et qu'il en savait maintenant autant que les plus grands spécialistes . Il n'avait pas de projets pour l'avenir , c'était la seule voie qui fût pour lui envisageable d'emprunter , étudier la Lune .

John passa des heures à contempler cette pêche céleste , et il ne vit pas que la soirée allait bientôt se terminer . Ce n'est que lorsque retentit dans le quartier la voix de l'un de ses camarades amplifiée par un micro qu'il reprit cours avec la réalité . Les premiers parents allaient arriver pour chercher leurs enfants dans une demi-heure environ . Lui , comme d'habitude , il allait devoir rentrer seul , sans personne pour le ramener ou même l'accompagner . Ses grands-parents étaient partis en croisière autour du monde , ne se souciant même pas de la vie de leur petit-fils . Ils avaient pu entreprendre ce voyage idyllique grâce à l'héritage de John : en effet , l'argent de ses parents , une fois disparus , devait lui parvenir de droit . Mais ses odieux grands-parents s'étaient arrangés avec l'état pour le toucher à la place du pauvre orphelin . Depuis , ils dilapidaient l'héritage en voyage et objets inutiles . John en avait un pincement au coeur rien que d'y repenser ...
Il se résigna donc à rentrer dans la maison , pour « participer » à sa manière à la fin de la fête . C'est donc discrètement , tel un chat , qu'il passa la porte qui donnait sur le jardin ....

Dedans , c'était l'effervescence : chacun voulait profiter des derniers instants ensemble . C'était à qui danserait le plus de slow avec Claire , ou bien à celui qui réussirait à engloutir le plus de bonbons alors qu'ils s'en étaient déjà empiffrés dans les heures qui avaient précédé ... John regardait tous ses camarades avec envie , eux qui ne connaissaient pas tous les problèmes auxquels il était jour après jour confronté . « Comme j'aurais aimé avoir une vie tranquille comme la leur » se morfondait-il intérieurement .



Dehors , ce n'était plus une lune orangée qui luisait dans le firmament , mais une énorme boule de feu qui illuminait de sa lueur blafarde tous les environs . A l'autre bout de la ville , un passant s'engageait dans une grande et large avenue bordée d'arbres . Il leva la tête vers le ciel . Il ne vit qu'un croissant de lune grisâtre ...



« - Allez tout le monde , c'est bientôt la fin de la soirée ! retentit la voix amplifiée de Matthieu , on va terminer en beauté avec quelques slows !
- Ouais !!!!!! s'exclamèrent-ils tous en choeur .
- Mais avant , je voudrais dédicacer cette boum à notre classe , présente ici au complet pour la dernière fois ! Donc profitez bien des derniers instants »

Dehors , il faisait clair comme en plein jour . L'astre de la nuit était incandescent dans le ciel . John tourna la tête , il remarqua l'étrangeté de la scène , n'en voulut rien dire aux autres , pour ne pas gâcher la beauté du moment . Il décida , pour une fois , et surtout puisqu'il ne reverrai plus tous les adolescents , de s'adonner à la fête . Il courut aller danser avec tous les autres , bien qu'il ne sachât pas faire le moindre pas ! . Comme à leur habitude , ils ne lui prétèrent aucune attention .



C'est le moment qu'il attendait . Enfin , il avait trouvé la faille dans la protection . Une brêche s'était ouverte , il n'avait plus qu'à briser "le mur" pour arriver à ses fins . 14 ans qu'il attendait cela . 14 ans qu'il le voulait . 14 ans qu'il y passait presque tout son temps . 14 ans qu'il avait été tenu en échec . Et par qui ? Par un gamin stupide , qui ne semblait pas apprécier sa vie .
"Le petit naïf , ricana-t-il , il n'en sera que plus aisé à corrompre . Dans quelques secondes , ton destin sera tracé jeune fou qui ignore jusqu'au nom même du royaume qui lui a échu"
Aujourd'hui il était à sa merci et plus rien ne pouvait l'empêcher de l'ouvrir ....



Pendant ce temps , John s'amusait comme il ne l'avait jamais fait auparavent . Vidé de toutes ses craintes et protections intérieures qu'il s'était forgées tandis que les années passaient , au fur et à mesure que sa haine et sa colère contre les autres qui n'avaient pas de problèmes majeurs comme lui en avait grandissaient . Alors qu'il dansait à en perdre haleine , une jeune fille le heurta , ne prit même pas le temps de s'excuser , s'en alla . Invisible . Transparent . Aux yeux des autres , c'est comme s'il n'était rien . Au moment du contact , qui avait été rude malgré la maigre corpulence de l'adolescente , la montre de John ( elle était pourtant accrochée , il ne savait par quel hasard cela avait-il bien pu arriver ) était tombée par terre . Lorsqu'il se baissa pour la ramasser , John discerna comme un symbole sur la dalle à proximité de la montre . Un symbole formé de deux croissants de lunes enlacés , qui rougeoyaient furieusement dans l'ombre de la grande pièce ....



Les protections étaient désactivées . Il concentra sa volonté , se prépara à l'assaut et fonça mentalement sur les barrières . Elles volèrent en mille morceaux et le champ était devenu libre . Il enclancha l'ouverture dès qu'il eût recouvert ses esprits après le choc ...


A peine eut-il comprit que ce symbole était le même que celui marqué sur son bras , qu'un vent violent fit éclater les vitres . Une seconde de silence dans la salle . Juste la voix nasillarde du chanteur ... Et soudain , au milieu de la piste de danse , une grande masse sombre apparût . Elle tournoyait sur elle même , comme un cyclone renversé . John comprit aussitôt , pour avoir lu des myriades de livres de science-fiction : c'étai un vortex . Après l'ébahissement général dû à l'apparition de la porte spatio-temporelle vint la panique . Tous les adolescents courraient en tous sens , jusqu'à ce que résonne dans la salle une voix que l'on aurait crue sortie d'une tombe : « Tu as rendez-vous avec ton destin » . Personne ne comprit de qui la voix parlait , du moins pas avant que John se sente attiré irrésistiblement par le vortex ... Il ne contrôlait plus aucune fibre de son corps , comme s'il n'était qu'une marionnette qu'on bougeait grâce à de minuscules et invisibles fils ... Il plongea dans la masse ténébreuse qui aussitôt se referma derrière lui . Les autres invités étaient estomaqués , tétanisés par la vision dont ils avaient étés les témoins .



Le garçon arrivait comme prévu . Tout fonctionnait à la perfection ... Un rire s'éleva dans les ténèbres ...

Le Vortex repparu , et John se retrouva dans une sorte de crypte , dont le pourtour était tout gravé de ce qui semblait des runes , presques identiques pensa-t-il , à celles qui étaient tatouées sur son avant-bras ... Le centre de la pièce était plongée dans l'ombre la plus totale ; comme s'il y résidait une force qui estomperait toute lumière . Au milieu des ténèbres , John perçut comme une ombre , plus noire que la nuit , puis glaciale que le plus mordant des froids ... La forme sombre s'avança , découvrant peu à peu ses contours , sa silhouette humanoïde , bien qu'elle atteignât la taille pour le moins respectable de deux mètres . Encapuchonée , le visage plongé dans l'ombre , la chose arriva finalement à proximité de John . Ce dernier sentit sur son visage le long râle de la créature , froid comme la mort . Paralysé de peur , l'adolescent osait à peine bouger ne fût-ce que le moindre petit orteil .

Alors la forme encapuchonée se mit à éclater d'un rire sépulcral , qui fit trembler et les fondations de la crypte , et John , si tant est qu'il pût encore trembler ... Au milieu de l'éclat de rire , une voix , dure et puissante , insidieuse et pleine de miel , se fit entendre dans la salle :
« Te voici enfin , descendant de Silvur ! Longtemps t'ai-je cherché , mais cette fois ci tu ne peux m'échapper , gronda la voix , Tu as devant toi le seigneur de toutes les vies sur Terre et sous Terre . » John ne comprit pas grand chose , mais de toute façon il était trop terrorisé pour réfléchir en ce moment .
« Je sais que tu finiras par me rejoindre , tout n'est qu'une question de temps , qui sème le vent récolte la tempête ! Va , et je prédis qu'à la fin tu viendras de toi même vers ton seul et unique maître , le grand ... »

Mais il fut coupé par l'arrivée au centre de la pièce d'un second vortex , similaire au précédent , ormis le fait qu'il était constitué de lumière pure . Il déchira les ténèbres en lambeaux comme un couteau taillade un rideau noir . La silhouette ténèbreuse se couvrit le visage d'un repli de son manteau ; et John se sentit une nouvelle fois comme aimanté par le vortex . Il fut projeté à l'intérieur avant de pouvoir crier ... Le monde se mua en un kaléidoscope coloré , puis il sentit qu'il tombait sur un sol de pierre froide , il fut alors assomé et ne se souvint plus de rien ...

Lorsque John se réveilla , il gisait sur ce même sol de pierre froide qu'il avait senti juste avant son évanouissement . Il se demandait toujours ce qui s'était passé : Qui était cette mystérieuse forme noire ; où elle se trouvait maintenant ; pourquoi un second vortex était-il apparu ; et surtout où il était , lui , John , en ce moment ???
Il flottait dans l'air comme un soupçon d'encens , John le sentit . Il se releva péniblement , et examina la pièce où il se trouvait . Pièce , le mot était faible . Il se trouvait dans une gigantesque église , comparable à celle de Notre-Dame de Paris qu'il avait visitée un jour avec sa classe de primaire . Une différence cependant le marqua lorsqu'il regarda de plus près . Les parois étaient toutes de cristal et filtraient la lumière du soleil en une multitudes de rais multicolores qui traversaient l'édifice de part en part ...
John commençait juste à imaginer la valeur de cette église et pourquoi le monde n'en avait pas parlé plus tôt quand soudain un assourdissant tintement de cloche se fit ressentir dans la cathédrale . La cloche de cristal , située au sommet de l'édifice , derrière les croisées d'ogives en béryl , venait de sonner le glas . Sous le choc du tintement , la cloche se brisa en des milliers de petits éclats de cristal qui retombèrent en pluie arc-en-ciel sur John , leur lumière étant diffractée par le soleil qui brillait à travers les vitraux colorés .
Une fois passée la chute des débris de la cloche , John put examiner plus en détail l'église .
Toutes les parois étaient de cristal , comme il l'avait précédemment remarqué . Les vitraux , représentant des icones dont John ignoraient le sens , semblaient constitués de béryls colorés : vert émeraude , rose morganite , jaune héliodore et bleu aigue-marine . Ces teintes très pâles donnaient un aspect un peu mystique aux représentations , et John fut ébahi de stupeur en découvrant le dernier vitrail , derrière le maître autel :
Il n'était pas pâle comme les autres , mais de même facture que ceux que l'adolescent avait pu observer dans les autres églises qu'il avait visitées auparavant . Ce qui frappait chez ce vitrail , c'était sa taille : à lui seul il couvrait tout le mur du fond . John tenta de comprendre ce qui était décrit , mais il ne vit qu'une espèce de pays , avec en son centre une immense montagne , et pourvu de runes flamboyantes sur les côtés : une de feu , une de glace , une de foudre et une mystérieuse , formée d'une lune . John réfléchit un moment . On aurait dit une des lunes entrecroisées sur son bras . Il souleva la manche de son sweet , et vit son tatouage , toujours le même . A moins que .... non , il semblait comme allumé d'une pâle clarté , comme lors de la fête ...
Autre détail flagrant que John découvrit après l'examen des vitraux , c'était l'absence de bancs .
« Aucune messe n'y est donc célébrée , pensa-t-il, ce n'est décidément pas une église commune ! Mais où diable est-ce que je suis tombé ? »
En traversant la nef de long en large , il faut surpris de constater que , comme la crypte où il avait été téléporté par le premier vortex , cette cathédrale , tout du moins ses murs de cristal , était gravée elle aussi des étranges graphèmes . Toujours dans l'incapacité de les déchiffrer , John avança vers la sortie . Il put flaner dans toute l'église , car elle était vide de tout ornement , hormis les vitraux et le maître autel . Vide .
« Vraiment étrange ! » se dit-il intérieurement en passant la lourde porte de cristal qui menait à l'extérieur .



Il lui avait échappé ! Pourquoi diable le conseil se mélait-il de ses affaires ? Ils savaient tous comme lui qui cet enfant était ... S'ils le prenaient ainsi , c'est la guerre ouverte qu'ils auraient !
« Trop tôt ai-je déplacé mon premier pion . Ils me l'ont pris . Mais la partie ne fait que commencer ! »



Quand John sortit de l'église , il sentit tout d'abord un vent fort , chargé d'iode .
« Il doit y avoir la mer pas loin ! Mais ? La région parisienne est à des centaines de kilomètres de la mer ! on m'a donc téléporté visiblement assez loin de la maison ! »
Il regarda autour de lui : une lande , que de la lande , à perte de vue . Quelques arbres , flétris et desséchés jalonaient la grande plaine .
« On est pourtant en été ? Des arbres sans feuilles en plein mois de juillet ? »
John pensa tout simplement que l'arbre devait être mort .
Le ciel était gris , tendant au noir . Orageux .Le soleil qu'il avait pu apercevoir dans la cathédrale s'était maintenant estompé . L'air était lourd , chargé d'électricité . John se demanda une fois de plus où il était , et cela dépassait son entendement .
« Je me retrouve dans une crypte , puis dans une église de cristal , et maintenant je suis dans la lande , avec la mer pas loin et sans civilisation aucune – mise à part cette immense édifice . Mais dans quel pétrin est-ce que je suis allé me fourrer ? »

Il décida de marcher vers la mer , ainsi il verrait peut-être quelqu'un qui pourrait lui expliquer sa situtation . Il suivit le sens contraire du vent , et sa progression parmi les ronces et buissons épineux n'en était rendue que plus compliquée encore . John fut néanmoins surpris par le fait que l'orage n'aît pas encore éclaté , malgré la noirceur du ciel .
Deux heures plus tard , John avançait toujours contre le vent , et il était exténué . Au loin, il vit ce qui ressemblait à un immense chène .
« Je l'atteins , et je trouve un endroit où dormir . »
Plus il s'approchait de l'arbre , plus il trouvait qu'il avait un aspect pour le moins étrange : c'était le seul parmi tous ceux qu'il avait croisés qui portait des feuilles . Mais celles-ci étaient d'une couleur inhabituelle : noires .

Lorsqu'il parvînt sous l'arbre , ses jambes , en coton , paraissaient lui crier de s'arrêter sous l'arbre et de dormir un peu pour se reposer de la longue marche qu'il avait entreprise . Mais l'arbre n'inspirait pas la moindre confiance à John . Les feuilles noires étaient pour lui de mauvais augure , et il ne souhaitait pas s'assoupir sous elles . De plus , il se rappela que les arbres attiraient la foudre , et vu l'imminence de l'orage , il serait insensé de dormir contre l'arbre , qui pourrait s'enflammer si la foudre venait à lui tomber dessus . Il recommence donc sa marche , tout en se promettant de s'arrêter dès qu'il trouverait un endroit propice . La mer était finalement bien plus loin qu'il ne le pensait ...

Ses paupières étaient lourdes ... beaucoup trop lourdes ... si fatigué ... si ...
Il s'écroula à terre et se mit à dormir d'un sommeil de plomb .



A son réveil , John avait la tête lourde , il avait l'impression d'avoir dormi plusieurs jours . Il regarda sa montre . Il n'avait dormi que quatre heures , mais il était remis d'aplomb et prêt à attaquer une nouvelle partie de son périple .
Il s'étonnait cependant que l'orage n'ait pas éclaté durant son sommeil , tant le ciel était noir . Il leva les yeux , et ne vit que ténèbres . Le ciel était complètement obscur , hormis un mince halo gris autour de ce qui était probablement le soleil . L'adolescent se remit donc sur pied , et repartit face au vent .

Une heure à peine après qu'il fût reparti , la faim commença à tirailler ses entrailles . Effectivement , il n'avait rien mangé depuis plusieurs heures . Il trouvait deça delà quelques baies sucrées sur les buissons épineux , mais sans plus .
« Je pourrai me rasasier à m'en éclater la panse quand je serai arrivé dans une ville » pensa-t-il . Sauf qu'il n'avait pas d'argent . « C'est problématique ... peut-être réussirai-je à me faire héberger chez des gens » se dit-il avec espoir .
Sur ce il se remit à marcher .

Le ciel devenait de plus en plus sombre , si tant est que ce fût possible vu son obscurcité presque totale . Le halo dessinant les contours du soleil s'était estompé , et toute la lande était plongée dans le noir quasi-complet . John s'orientait péniblement , sa vision s'habituait peu à peu aux ténèbres environnantes , et il avait toujours le vent marin pour le guider .



C'est le moment que choisirent les corbeaux pour sortir . Déferlant de l'arbre gigantesque sur lequel ils s'étaient perchés , ils volèrent comme une seule ombre vers la mer , se repérant à la chaleur de l'humain qu'ils pistaient ...



John sentait l'imminence de la nuit . D'abord parce qu'il faisait plus sombre – ce qui était extraordinaire – , ensuite parce que quand il jeta un coup d'oeil à sa montre il était 21h00 . Il décida de continuer sa marche encore jusqu'à 23h00 environ , puis il pourrait s'arrêter pour la nuit . Avec courage , il reprit le voyage ; plus toutefois un léger changement qu'il ne mit pas longtemps à dénoter : l'air était empli de bruissements d'ailes , comme une nuée de paire d'ailettes , qui venaient de derrière John . Ce dernier ce retourna , et distingua à peine au loin une masse sombre , qui filait à toute vitesse dans les cieux . L'adolescent fut soudain pris d'une peur panique à la venue de ces créatures , ou de cette ombre ; la même peur , la même méfiance que celles qu'il avait ressenties lorsqu'il était passé sous le grand arbre noir en début de journée ...

Le raccordement ne fut pas long à faire dans son esprit : cette grande masse noire ne pouvait être autre que les feuilles sur le grand chêne . Dans le lointain , il entendit des croassements ... des corbeaux !



« Il a compris , sussura une voix inhumaine dans l'ombre , mes corbeaux noirs des landes auront fort affaire avec lui , s'il n'arrive pas au puit avant eux ... le pauvre petit , il lui reste plusieurs kilomètres avant même de voir les tours ... mes crébains seront sur lui avant le lever du soleil .... »



La seule solution raisonnable que John envisageât sur le moment était la fuite .
« Ces corbeaux m'ont l'air pleins d'intentions hostiles , et je suis certain que s'il me mettaient à terre ils me dévoreraient sans scrupules .... »
Dans la réalité il est peu commun que tant de corbeaux se réunissent , et encore moins qu'il dépècent sauvagement un voyageur , mais au fond de lui même , John commençait à comprendre que les règles du monde dans lequel il avait vécu ces dernières années étaient en train de changer .... Il prit donc ses jambes à son coup , et courut le plus vite qu'il pût en direction de la mer , espérant secrètement que les corbeaux noirs allaient dévier de leur trajectoire et qu'ils renonceraient à la poursuite .

Malheureusement , les corbeaux continuèrent leur progression , avec tant d'ardeur en plus que John les soupçonnait de deviner sa peur . Et il courut . A en perdre haleine . Pendant ce qui lui semblait une éternité . Chaque seconde paraissait s'étaler pour durer plus d'un siècle . Ses jambes étaient lourdes et fatiguées . Heureusement qu'il avec suivi avec assiduité les courd d'endurance au collège , sans quoi il se serait déjà écroulé sur le tapis de bruyère . Mais il continua , s'affaiblissant à chaque instant , et il sentait bien que la nuée des oiseaux noirs le rattrappait dans l'ombre . Mais , tandis qu'il sentait ses dernières forces le quitter peu à peu , il distingua dans le lointain quatre immenses tours . Il ne pouvait apercevoir de quelle facture elles étaient , plongé dans une obscurité quasi-totale . Mais il lui semblait que cette même obscurité tendait à s'amenuiser , et que peu à peu un peu de lumière , pâle bien sûre , revenait . La pensée que le jour se levait raviva la flamme de son courage , et c'est uniquement grâce à elle qu'il pût enfin arriver auprès des tours .

Les corbeaux , qui étaient maintenant arrivés à hauteur de l'adolescent ; émirent alors une longue plainte déchirante dans le jour naissant , et se ruèrent sur John , qui essaya tant bien que mal de se protéger des ardus coups de becs que lui assenaient les créatures maléfiques . Elles firent de profondes entailles dans sa chair , et alors vînt un énorme corbeau , si gros qu'il aurait pu rivaliser avec un aigle royal , et ce mastodonte leva la tête , se préparant à donner le coup de grâce au jeune homme , quand soudain jaillit d'une des tours à proximité un mince rayon de lumière verte , un laser , et il transperça de part en part le chef des corbeaux . Ce dernier poussa un croassement de douleur qui retentit dans toute la lande alentours . Puis le laser s'attaque aux autres corbeaux , et quelques instants plus tard jaillirent de la tour plusieurs autres rayons verts , qui perçèrent les corbeaux les plus proches de leur pauvre victime , écroulée sur le sol . Les crébains s'envolèrent alors , admettant leur défaite . Aussitôt les lasers furent stopés nets , et John s'évanouit à nouveau .


Un rugissement de colère retentit dans la crypte .
« - Comment est-ce possible ! Vous m'aviez pourtant assuré que vous et vos crébains réussiriez à m'amener l'enfant vivant , et j'apprends que sous le coup du désespoir vous avez voulu mettre fin à ses jours . Vous auriez commis un crime irréparable pour le monde ! Ne comprenez vous pas que notre destinée à tous , même aux plus puissants – il eut un petit rictus sardonique - est contenue dans ce que ce garçon fera ?
- Je vous promets , maître , que pareil incident ne se réitèreras point . Mais maintenant il est au mains des technopôliens ! Qu'allons nous faire ?
- Toi ? Toi tu vas aller rôtir dans les sous-sols de Pyrilise comme tous les impudents qui ont osé contrevenir à mes ordres ... Oh , non j'ai une meilleure , bien meilleure idée ..... Tu vas aller reprendre ton poste sur le champ , on verra si les choses tournent à notre avantage , à mon avantage ... Quant à moi je vais réfléchir .... que tu aîs échoué est peut-être la meilleure chose qui soit arrivée depuis longtemps ! »
Sur ce il éclata d'un rire suraigu , tout en faisant apparaître un vortex qui happa le chef des corbeaux ...

Le grand tourbillon de ténèbres s'évanouit aussi vite qu'il était venu . Dans la grande salle de la maison de Matthieu , tous restèrent bouche bée pendant quelques instants , puis Brice , qui était resté à la table des boissons , interpella le reste du groupe :
« Qu'est-ce qu'y c'est passé ? »
Les langues se délièrent aussitôt et les conversations reprirent bon train , étrangement elles étaient toutes axées sur le même thème : Mais qu'est-ce que c'était et qu'est-ce que ça venait faire ici ?

Malheureusement les flots de paroles se tarirent quand le premier parent arriva , jetant un froid dans la soirée . Bien entendu , aucun des invités n'allait dévoiler quoi que ce soit aux parents , ils n'en sauraient pas une miette . La fête se termina donc , et Matthieu reste seul chez lui , se posant tout de même des questions sur John ... il décida de remettre cette préocupation – si mineure lui semblait-elle – à plus tard et de tout ranger avant de monter se coucher dans sa chambre , exténué .

Le surlendemain , au collège , pendant ce qui devait être la dernière semaine de cours avant le Brevet , plus personne ne semblait se souvenir de l'incident de la boum . Seul Matthieu paraissait le garder en mémoire . Il passa voir successivement chaque camarade de classe , tous le regardaient avec une expression d'étonnement sur le visage :
"Qu'est-ce que tu dis ? Mais non il ne s'est rien passé à ta fête , c'était super , y a pas eu de truc bizarre !"
C'était , à quelques différences près , la version unanime .

Unanime , pas exactement , puisque Matthieu trouva cinq autre personnes qui étaient dans son cas : Claire , Chloé , Sylvain , Anne-Lise et Bastien . Matthieu remarque que , étrange coïncidence , ne se souvenaient de la scène que ceux qui avaient tenté d'instaurer une amitié entre John et eux . Car Matthieu se souvenait très bien de John . Il s'en souciait même plus ces dernières heures qu'il ne l'avait fait pendant toute l'année .

Claire , d'un naturel extrèmement amical , avait tout de suite essayé de créer un lien avec John , et depuis Claire avait été l'amie préférée de John . Elle avait de longs cheveux blonds tendant au chatain clair , de grands yeux noisette qui contrastaient avec la pâleur de son teint . Fine , élancée et svelte , tous les garçons lui couraient après ...

Chloé , réservée , avait suivi l'impulsion de son amie Claire et avait , bien qu'il apparût que ce soit contre son gré , imité l'exemple de son amie . La plus grande fille de la classe , c'était elle , et tous craignaient la fameuse giffle de Chloé . Elle pouvait se laisser emporter sur un accès de colère , mais la plupart du temps elle restait très timide . Ses cheveux bruns mi-longs étaient coiffés pêle-mêle , et ses petits yeux noirs lui donnait un air un peu asiatique au premier regard .

Sylvain était le benjamin de la classe . Ayant sauté le CE2 , il connaissait bien ce que signifiait être rejeté des autres . Il exprimait beaucoup de compassion envers John , qu'il était venu voir peu après les filles , pour lui faire part de sa commisération à son égart . Petit ,les cheveux en brosse , un visage juvénile sans aucun bouton d'acné , il aurait très bien pu trouver sa place en primaire avec sa petite voix fluette . Tous ces points faisaient l'objet de nombres de quolibets de la part de ses amis . Il le supportait d'ailleurs assez mal et reportait sa haine en cours où il était insolent et donc se prenait des heures de colle ...

Anne-Lise n'avait tenté de se lier avec John que très tard dans l'année , en fait juste après le cycle endurance en EPS , où John lui avait raflé de peu la première place . Admirative – elle était la plus sportive de la classe – elle avait immédiatement reporté son attention sur lui , mais s'en était désintéressée au bout de quelques jours , trouvant sans doute qu'il ne valait pas la peine qu'on s'intéressât à lui tellement il ne parlait pas du tout ... Grande , forte et puissante , les cheveux blonds , les yeux bleus et le visage dur , elle inspirait souvent la peur chez les garçons , mais une fois qu'on la connaissait bien on découvrait un coeur d'or sous la glace . N'ayant pas de très bons résultats en classe , elle se faisait souvent surnommer « la blonde » ce qui la mettait en pétard et la faisait taper tout ce qui bouge ( sauf les professeurs bien sûr ) .

Bastien n'avait jamais vraiment manifesté d'amitié envers John , mais comme lui il était sombre , secret et mystérieux . C'était comme si une relation tacite existait entre eux deux , chacun sachant exactement ce que l'autre pensait de lui , comme s'ils étaient connectés mentalement . Mais à la différence de John , Bastien était assez populaire dans sa classe . Il aimait rire , et sa compagnie faisait profiter l'ensemble de la 3e1 . De taille moyenne il avait les cheveux châtains clair et les yeux bleus , dont un était taché de brun , ce qui faisait une de ses principales partiucularités .

Quant à Matthieu , il n'avait vraiment rien fait pour John , pensait-il , mais en l'invitant à sa boum il avait tout de même fait preuve d'assez de sollicitude envers lui .

Arriva la sonnerie de 8h30 , et chacun monta l'escalier pour aller en cours . La classe de 3e1 se dirigea vers le couloir des sciences , où leur premier cours de la journée , mathématiques , devait avoir lieu . Coup de chance c'était un cours qui s'étalait sur deux heures ! En rentrant , tous s'assirent à leurs places respectives . Lorsque tout le monde fut assis , le professeur Besson commença l'appel :

« - Anicet ?
- Ici
- Bouchaud ?
- Présente
- Conan ?
Bastien leva la main .
- Ici
- Concordia ?
- Là
- Dugeai ? »
Claire répondit présente.

Le professeur continua l'appel , mais Matthieu s'étonna intérieurement
« Mais il n'a pas appelé John ??? »
Normalement Doe venait avant Dugeai , dans l'ordre alphabétique tout du moins , mais le professeur ne prononça pas le nom de John durant tout le temps de l'appel . Quand il eut terminé , Bastien , Matthieu , Anne-Lise , Claire , Chloé et Sylvain bondirent de leur chaise en même temps et interpellèrent le professeur de mathématiques :
« - Mais vous n'avez pas appelé John Doe monsieur !
- Il n'y a pas de John Doe dans cette classe qu'est-ce que vous racontez tous les six ? »
Le reste de la classe les regarda , visiblement surpris , puis tous s'esclaffèrent , même Monsieur Besson ....
« Donc reprenons ... Les Vecteurs , Chapitre XXI ... »

Lorsque la sonnerie retentit , mettant fin au double cours de maths , Matthieu , Anne-Lise et les autres se réunirent sous le préau pour discuter de la situation :

« - Mais pourquoi est-ce qu'il n'a pas appelé John ? Demanda Claire . Il devait pourtant bien se rendre compte qu'il n'était pas là ! Mais Besson a fait comme s'il n'y avait jamais eu d'élève de ce nom dans la classe !
- Moi ce que je trouve bizarre , renchérit Bastien , c'est que tous les autres ne se souviennent pas de lui non plus ! Pourtant ils ont tous vu comme nous la grande masse sombre happer John à ta boum Matthieu !
- J'ai l'impression que seuls ceux qui avaient voulu établir un lien avec John se souviennent présent de lui , conjectura Matthieu , et je ne serais pas surpris si ses grands-parents me regardaient avec des billes grosses comme ça si je leur parlais de leur petit-fils ...
- Tout ceci est bien mystérieux , dit Chloé , peut-être que ce n'est qu'un coup monté après tout ?
- Bon , j'ai envie de jouer au basket avec les autres ! fit Anne-Lise . On n'a qu'à laisser tomber ça pour le moment , et on se retrouve tous les six après les cours chez Matthieu , c'est le moins loin du collège »

Tous approuvèrent l'idée d'Anne-Lise , et ils allèrent retrouver leurs autres amis dans la cour , devant le panneau de basket .

Durant toute la journée , la tendance se confirma : personne dans le collège ne semblait avoir eu vent de l'existence d'un John Doe ou même d'un incident lors de la boum de Matthieu . Ainsi , le groupe des six élèves se souvenaient encore de John dut passer la journée sous les railleries de leurs camarades :

« John Doe ? Hé t'as trop regardé M6 toi ! »
« Hola t'as fumé quoi toi ? »

La journée se termina donc , et Bastien et les autres se retrouvèrent donc chez
Matthieu pour discuter ensemble de la dispariton de John . Il apparût que ce ne pouvait être juste une farce , puisque les six , connaissant bien le reste de leur classe , savaient que si c'en avait été une ils leur auraient tout raconté à la fin de la journée . Ce ne fut aps le cas . Ils s'assirent donc en cercle autour de l'endroit où la masse sombre était apparue , selon une idée de Sylvain , et commencèrent une discussion endiablée

« - Bon pour commencer , dit Matthieu , je voulais vous dire que la réparation des carreaux avait coûté super cher !
- Tu m'étonnes ! fit Claire
- Ba moi je pense que c'est juste la forme noire qui a fait pêter tes carreaux pour s'introduire ici , essaya Sylvain
- Mais ça ne nous dit toujours pas ce qu'il est advenu de John , soupira Bastien
- Peut-être , mais en tout cas mes carreaux sont HS ... »
Chloé , qui était restée pensive tout au long du trajet , et maintenant au début de la discussion , regardait d'un air vide le sol , quand soudain ...
« Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? » cria-t-elle au beau milieu du silence
Son cri subit fit sursauter tout le monde , tandis qu'elle montrait du doigt une espèce de gravure sur une pierre au milieu du cercle ...

« - Ca m'a l'air de deux lunes entrecroisées , dit Matthieu en se penchant avec les autres pour regarder à son tour , avec des petits signes incompréhensibles tout autour . Et c'est précisément à cet endroit que le machin chose ténébreux est apparu
- Dis moi Chloé , t'as combien à ta vue ? Demanda Bastien
- Douze à chaque oeil ! Pourquoi ?
- Ba y faut être drôlement balèze pour voir ça ! Chapeau ! »
Tous applaudirent Chloé , qui devint aussitôt rouge comme une tomate .
« - Mais attendez , murmura Anne-Lise , je crois avoir vu le même signe sur le bras de John , quand j'étais derrière lui en course d'endurance ... c'est peut-être lié ? Vous pensez pas ?
- Bien sûr que c'est lié ! Bravo Anne-Lise ! Pour une fois que tu trouves quelque chose toute seule ! » railla Sylvain .
Il se prit ni une ni deux une grosse baffe en pleine figure .
« - Et moi aussi j'ai déjà ce signe autre part , continua Claire .
- Où ça ? demandèrent-ils tous .
Aux catacombes .... »